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13 mars 2006

Homage à Chaibia Talal

Chaibia Talal

chaibia

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Elle était une fille de la campagne, de ce pays proche de Moulay Bouchaïb, qui s'appelle CHTOUKA. Elle avait gardé un amour de la terre, de la mer, des rivières, des fleurs qui apparaissent après la pluie, au printemps, dans le bled, Elle à quitté sa maison très tôt, à sept ans pour venir habiter chez son oncle à Casablanca et elle se maria à treize ans avec un homme très âgé, un Ouarzazi dont elle à eu un fils, TALLAL, Une vie ordinaire en somme. Au décès de son mari est mort, elle se retrouva seule, pauvre mais belle et pleine de forces, très gaie.ch2
Elle travaillait comme femme de ménage pour élever mon fils. Lui s'est mis à dessiner très tôt, d'abord à l'école. Elle participait à toutes les fêtes. J'avais en moi le pressentiment de ce qui allait m'arriver. Sa vie devait changer. Il y a en ce rêve précis, extraordinaire qu’elle avait fait à 25 ans. Sous un ciel bleu où tournoient des voiles, des gens inconnus qui s'approchent d’elle et me donnent du papier et des crayons. Le lendemain elle est aussitôt partie acheter de la peinture bleue avec laquelle on peint les entourages des portes et elle a commencé à faire des tâches, des empreintes. Quinze jours après elle se procurait de la gouache et des toiles. Dans la journée elle faisait le ménage, le soir elle travaillait pour elle dans cette petite maison. Son fils avait grandi, c’était déjà un bon peintre...
Et un jour Pierre GAUDIBERT est venu le voir accompagné de CHERKAOUI et d'André ELBAZ. Elle leur a dit qu’elle s’était mise à peindre. Elle a sorti un drap blanc, et elle a étalé ses peintures… C'était il y a vingt ans. Pierre GAUDIBERT m'a beaucoup encouragée et aidée. Après, les expositions sont venues...

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« - Je me répète mais c'est Important, c'est comme ma peinture, mes couleurs. Je suis une coloriste. Mes couleurs disent la vie, la nature. Je peints les scènes de la vie quotidienne et aussi des situations plus abstraites. Ma peinture me rend heureuse. Je suis heureuse avec la peinture, la maison, les chiens… »
Au revoir Chaibia et peint pour nous maintenant les couleurs du ciel...

GYV (Source l’Opinion, Le Matin)

Traduction de la version française : M. Ilham Medkour

تكريـــم الفنانـــة

الشعيبية طلال

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ولدت الشعيبية و ترعرعت في البادية، في قرية اشتوكة على مقربة من مولاي بوشعيب حافظت على حبها للأرض، للبحر، للوديان، للآزهار التي تظهر بعد هطول المطر في فصل الربيع في القرية. غادرت الفنانة منزلها في سن مبكرة و عمرها سبع سنوات للعيش عند عمها في مدينة الدار

البيضاء. تزوجت في سن الثالثة عشر برجل طاعن بالسن ينحدر من مدينة ورزازات و أنجبت منه ولدها طلال، و عاشت حياة عادية .وعند وفاة زوجها أصبحت وحيدة، فقيرة لكن جميلة، قوية ومرحة جدا. ch21

عملت كخادمة من أجل تربية ولدها، الذي بدأ يرسم باكرا في أول الأمر بالمدرسة
و كانت تشارك في جميع الحفلات. و كان يراودها دائما الإحساس بما سيحصل لها في المستقبل، فكان لابد أن تتغير حياتها، خاصة بعدما ر
اودها ذلك الحلم الرائع وهي بسن الخامسة و العشرين، حيث حلمت تحت زرقة السماء بأشرعة تدور، و بغرباء يقتربون منها يقدمون لها أوراقا و أقلاما.وفي اليوم التالي سارعت الشعيبية لتحقيق حلمها وذلك بشراء الذهان الأزرق الذي يستخدم في ذهن حواشي الأبواب. وبدأت ترسم بقعات و بصمات. و بعد مرور خمسة عشر يوما حصلت على الألوان المائية و على لوحات. فكانت تشتغل كخادمة في النهار، ورسامة لحسابها بالليل في منزلها الصغير، وهكذا ترعرع ولدها في هذا الجو الفني وكبر ليصبح رساما بارعا.

وذات يوم جاء بيير كوديبرت Pierre Gaudibert لرؤية طلال برفقة الشرقاوي و آندريه الباز André Elbaz فأخبرته بأنها ترسم أيضا و أخرجت غطاءا أبيضا فعرضت عليه كل رسوماتها... كان هذا قبل عشرين عاما، حيث ساعدها بيير كوديبرت كثيرا و شجعها. و بعد ذلك ابتدأت بالنسبة لها مرحلة عرض رسوماتها في المعارض...

" أنا أكرر و لكن هذا مهم، مثل رسوماتي وألواني فأنا ملونة في الأصل، ألواني ترمز للحياة و الطبيعة. فأنا أرسم مشاهد من الحياة العادية وكذلك مواقف غريبة،رسوماتي تجعلني سعيدة. فانا جد سعيدة بالرسم، بالمنزل، و بالكلاب...." .

الوداع الشعيبية وارسمي لنا الآن ألوان السماء .....

Traduction de la version française : M. Ilham Medkour

Tibari Kantour

tibarikantour2

Né en 1954 à Casablanca, Maroc

1980    Académie Royale des Beaux Arts, Bruxelles, Belgique
1978    Académie Royale des Beaux Arts, Liège, Bruxelles
1974
    Ecole des Beaux Arts, Casablanca, Maroc

l'Enchanteur

C'est un enchantement au sens fort du mot. Une invitation au voyage. Ces paysages flamboyants, de rouge incendiaires, d'or solaire, travaillés tourmentés de traces, de signes jouant sur toute une gamme de nuances du noir au blanc dans la transparence. Ces paysages d'évasion vers ciel habité aussi de signes mystérieux. Paysages où l'imaginaire règne, où la sensation offre l'émotion rare d'un réel invisible. C'est une éclatante confirmation des virtualités propres au papier, dont Tabari a su élaborer, au prix de difficultés en apparence insurmontables la technique de fabrication jusque et y compris la fabrication des machines et appareils pour ce faire. Même quand il prend pour support, la toile, comme c'est le cas pour les travaux exposés à Bab Rouah, sa technique n'a pas changé pour autant et donc il s'agit d'un retour à la peinture classique. Autre nouveauté, si je puis dire, Tibari, pour se mesurer à l'imposante grandeur de Bab Rouah est passé à la grande dimension. J'ai pensé, qu'a l'occasion de cette exposition si riche à bien des égards, il fallait apporter quelque neuf, à savoir donner la parole au peintre, donc à Tibari Kantour. Il est temps d'en finir avec des fâcheuses habitudes. La critique confisque la parole comme si le peintre n'existait pas et que, si d'aventure, il aurait été autorisé à parler, ce qu'il pourrait dire est sans valeur, seule le critique sait et juge. Nous avons réalisé en enregistré un entretien de plus d'une heure j'ai soumis à Tibari des questions par écrit, puisque malheureusement il y a le handicap de sa surdité. En voici la substance.

Interview réalisée par E.A. Elpapier__technique_mixte__462 E.A. Parlons maintenant de ton retour au pays de Sidi Maachou. C'est là que désormais tu vis et tu travailles, C'est presque le roman d'une vie. Au fil des années, j'ai eu le privilège d'assister et de voir comment peu à peu, avec très peu de moyens, tu as réussi à édifier des ateliers, aménagé ta maison d'une modeste simplicité. Comment, déployant des prodiges d'ingéniosité tu as pu remplacer les machines introuvables sur le marché, fabriquer enfin toute cette installation de machines et d'appareils nécessaires à la fabrication du papier. Ces détails ne doivent pas faire perdre de vue que c'est là une partie de ton travail de création artistique. Mais l'essentiel de ce qui se respire se voit et nous imprègne quand on est chez toi, c'est, par une sorte d'alchimie, entre toi et Sidi Maachou, cette terre nue, aride, habitée d'un immense silence, d'énergie formidable en ses entrailles, une poésie inouïe, entre vous, deux des accords rythment les jours, le temps et l'espace .

T.K. Quand je suis revenu, je me suis installé à Sidi Maachou où il n'y avait qu'une petite maison entourée de champs que j'avais reçu en héritage. Il y avait beaucoup de problèmes à surmonter, en ce lieu isolé, sans électricité, ça été vraiment difficile. Les machines, comme cette pile hollandaise sont introuvables sur le marché. J'ai du alors fabriquer, bricoler tout ce matériel. Je prends la pâte à papier obtenue à partir du bois de l'arbre d'eucalyptus, c'est tellement dur à travailler. Il y a l'usine mais moi je fais mes machines, mon papier. J'exprime ma pensée avec la matière. Les gens croient que je suis un technicien du papier. C'est faux. Mes connaissances sur le papier sont limitées. Je voudrais faire un stage au Japon, en Chine à fin que je puisse parfaire mes connaissances profondément sur cette technique. C'est pour cela que j'ai comme projet de créer une association « Le Moulin à Papier. » On peut ainsi aider des artisans, des artistes à créer de petits ateliers pour la fabrication du papier.

E.A. : A Bab Rouah, on pourra voir des ouvres réalisées sur toile, alternant avec le papier. Est-ce un retour vers la peinture ?

T.K.: Si je travaille maintenant sur la toile aussi, ce n'est pas un retour à la peinture classique (note : sa technique reste la même sans recours à l'emploi des couleurs pour la composition sur papier comme sur toile.) Quand je travaille le papier et que j'ai des difficultés, j'arrête un peu le papier et je travaille sur toile. C'est très différent, mais j'aime bien aussi. Parce que cette différence fait bien les choses. Parfois ci, parfois là. Ensuite, avec la toile je peux faire de grands formants qu'on verra à Bab Rouah. J'aime bien le gigantesque, maintenant que j'ai une grande différence pour la toile il y a la transparence, parce que je ne travaille pas directement dessus, comme pour la peinture classique. Je travaille des monotypes sur des papiers de soie et puis je maroufle sur la toile, avec l'acrylique. Le résultat c'est la transparence qu'on peut obtenir avec la peinture classique. Pour la papier, c'est la blancheur de la pâte et la possibilité d'avoir des empreintes, le relief, le moulage, et beaucoup de choses. J'ai recours au monotype, c'est une technique d'impression, de gravure ce que je travaille. Cette technique me permet de travailler pour le papier ou pour la toile. Pour la toile, je travaille sur du papier de soie très fin, très difficile à travailler, très fragile. Avec l'expérience, j'arrive à ne pas le déchirer même pour les grands formats. Et pour le papier je fais à peu près la même chose.

E.A. A l'âge de 14 ans, à la suite probablement, tu as été atteint de surdité, tout en conservant, grâce à Dieu, l'usage de la parole. Se refusant à être cet adolescent mutilé en quelque sorte, perdu dans l'anonymat, tu as relevé le défi, pour être aujourd'hui un grand artiste, un peintre reconnu parmi les valeurs sûres de la peinture et de la culture de notre pays. C'est un exemple admirable. Je le redis. Permets-moi de te demander comment tu vis cette situation ?

T.K. : Oui, Après cette infection grave et ses conséquences, je me suis accroché. Ce serait long à raconter. J'ai commencé très tôt à aller voir des expositions. J'ai découvert les peintres, les artistes. J'ai appris à regarder les visages, les paysages puis comme vous le savez, il y eu tout le cycle de ma formation ici et en Belgique. Vous me posez la question à propos de l'opération « d'implantation » que j'ai subie à Paris, il y'a quelques années. Je ne peux pas dire que cela a vraiment réussi. Quand je branche l'appareil j'entends beaucoup de bruit, mais je n'arrive pas à distinguer des paroles comme cela aurait dû être ; alors j'enlève l'appareil, je travaille dans le silence comme avant, c'est mieux ; alors je chante dans ma tête. Cela m'aide beaucoup. C'est pas vraiment des chansons, mais c'est quelque chose de très personnel, je ne peux le dire à haute voix, mais bon il faut pouvoir dire quelque chose, mais ça peut intervenir dans mon travail de création. Vous demandez si je suis gêné quand je suis avec des amis et que je n'entends pas la conversation. Non, quand je suis avec des amis, cela va à condition qu'il n'y ait pas plus de trois personnes. Sinon, surtout quand il y a des gens que je ne connais pas, je suis un peu sur la touche, je suis habitué, je suis patient. Parfois cela me gêne. Je me dis que c'est dommage de ne pas me faire participer à la conversation. J'ai beaucoup à dire mais parfois on ne le sait pas. Avec ma fille Kenza, c'est le grand bonheur. Malgré son tout jeune âge, 4 ans, elle arrive à communiquer, je la comprends parfaitement et donc nous nous parlons ; elle reconnaît ma peinture même quand il s'agit de reproduction. papier__technique_mixte__461

Il est une question d'une importance déterminante que nous avons abordée au cours de notre conversation. Elle aurait mérité d'être plus longuement développée, compte tenu des réponses de Tibari à cette question centrale. Des réponses pertinentes, réfléchies, éclairées par des références constantes à l'évolution de son travail de création artistique. Dans le brouhaha des vernissages, au milieu des embrassades, des congratulations, le thé et les gâteaux, on pourrait parier que l'ouvre peinte, les toiles exposées, la peinture pour elle-même disparaissent au prix d'un regard, d'un parcours superficiel. Cette myopie courante se termine en jugement sans appel : on dira rien de nouveau sous le soleil de Bab Rouah. Or, et Tibari pose la question avec véhémence, c'est quoi le changement ? Sauter d'une technique à l'autre pour donner l'illusion du nouveau, être aveugle à l'évolution, vivante de l'ouvre, les tensions, de la recherche, avec nuances infimes, subtiles, ses retournements, ses échecs. Et pourtant, c'est le secret, le cour intime de la créativité. Voir la peinture, s'y arrêter longuement, la méditer, ce n'est pas un exercice intellectuel. Il n'y a là aucune clé, aucune recette. C'est sous le signe de l'incertitude, d'une certaine grâce chercher à s'ouvrir un chemin, établir avec le tableau qui s'offre à vous, une relation vivante et cette étincelle d'une émotion singulière, faite de plaisir et d'un enrichissement particulier.

© Ministère de la Culture

Ministère de la Culture 1, rue ghandi - Rabat -MAROC

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